Horlogerie suisse : tout va bien, merci

 

Le monde est en crise. Et l’horlogerie suisse ? Elle l’est également, le luxe est devenu tabou ! Il n’y a qu’à regarder la Chine, ses importations horlogères en chute libre, sa chasse aux cadeaux politiques, sa loi interdisant la promotion publique d’articles de luxe.

 

Voilà, en synthèse, les propos qui animent les observateurs horlo-économiques. Quelques chiffres habilement choisis, un soupçon de pessimisme à la française, un zest de discours à la mode, et surtout…une profonde méconnaissance de la situation.

 

Le coup de sang de Nick Hayek

 

Le premier à avoir tapé du poing sur la table, avec la vigueur qu’on lui connaît, est Nick Hayek. Pour le patron du Swatch Group, «l'horlogerie suisse n'est pas du tout en crise. Si vous êtes dans une situation vraiment problématique, je n'ai rien contre que des sociétés annoncent des mesures de chômage partiel. Mais dans un contexte de croissance ou de stabilité des ventes, cela délivre un message dangereux », a-t-il martelé mi-novembre, rappelant que « les bénéfices sont là ».

 

Jacques Thomas, patron France d’A. Lange & Söhne, confirme cela par sa théorie des cycles : « l’industrie alterne des phases de croissance et de ralentissement, il n’y a rien de nouveau là-dedans ». Et les chiffres leurs donnent, à tout deux, raison. 

 

 Ci-dessus, Nick Hayek (Swatch Group)

 

 

Chiffres au vert

 

En effet, l’horlogerie reste le troisième secteur d’exportation de la Suisse. En 2013, la Suisse a exporté 28,1 millions de montres, pour 21,8 milliards de francs. Pour une industrie en crise, on a vu pire.

 

Ce n’est pas tout : pour casser le libre cours à une croyance populaire, l’un des marchés de croissance la plus dynamiques du secteur est…l’Europe. Le Vieux Continent, que certains n’hésitent presque plus à placer du côté du Tiers Monde, a littéralement tiré les résultats horlogers vers le haut en 2013 (+5,7 %). C’est d’ailleurs la même chose pour les Etats-Unis, dont le déclin est perpétuellement annoncé. C’est là aussi un pays qui consomme de plus en plus de montres suisses, avec une belle progression de +2,4% en 2013.

 

Certes, accordons une grâce aux défaitistes de tout poil : la France a bel et bien reculé sur le marché de l’importation de montres suisses, rétrogradant de la 4ème à la 6ème place. Une baisse, oui, une chute libre, pas vraiment. 

 

 Ci-dessus, le salon horloger Baselworld

 

Bientôt 800 dollars la montre suisse

 

D’ailleurs, la Suisse continue à exporter ses montres, en des proportions tout à fait flatteuses. C’est probablement le ralentissement de ces ventes qui inquiète les observateurs peu avisés, mais il n’y a pas, là non plus, de quoi s’effondrer : en 2013, la Suisse a encore gagné deux points de croissance à l’export de ses montres. Certes, deux ans auparavant, la progression était de + 19,2 %, mais est-ce là un rythme de croisière ? L’économie horlogère ne s’est pas écroulé : elle a simplement atterri.

 

On pourrait multiplier à l’infini ces exemples de bonne santé de l’horlogerie suisse, et faire tomber autant d’arguments mal ficelés d’un déclin annoncé. Comme celui qui affirme que la montre suisse s’adapte à la crise et se déprécie de plus en plus. C’est également faux : une montre suisse coûtait en moyenne 739 dollars en 2012, elle en coûte 791 aujourd’hui. Il y a fort à parier qu’elle dépasse la barre des 800 $ l’unité à fin 2014.

 

On rassurera au moins sur un point les analystes du dimanche en mal de banalités pour diners mondains : oui, c’est toujours Rolex (Prix neuf des Rolex) la marque qui rapporte le plus dans la vente horlogère dans le monde. Près de deux fois plus, en valeur, que sa suivante, Cartier. Et ça, cela n’est pas prêt de changer…

 

Olivier Müller

 

 

Visuels © DR

 

 Ci-dessus, la manufacture Rolex à Bienne

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