Frédérique Constant se lance dans le tourbillon

Décidément, Frédérique Constant nous gratifie ces derniers mois de pièces particulièrement intéressantes.

Alors qu’il y a quelque temps, le Guide des Montres revenait sur la fort réussie WorldTimer, la marque revient à l’assaut avec un tourbillon.

La technique est aujourd’hui maitrisée par de nombreuses manufactures, mais son prix l’est moins. Durant le précédent BaselWorld, Jaquet Droz soulignait avoir réussi à baisser le prix de ses modèles équipés de cette complication à 70'000 euros, un autre modèle plus travaillé restant obstinément au dessus des 100'000 euros. Cette zone tarifaire, pour peu que l’on s’en tienne au manufacturé suisse, était et reste la norme pour un tourbillon standard. Jusqu’à ce que Frédérique Constant propose le sien...au tiers du prix : 29'900 euros.

Naturellement, à ce niveau de prix, le degré de finition est réduit à sa plus simple - mais tout à fait honorable - expression. Le tourbillon effectue sa révolution en 60 secondes de la manière la plus traditionnelle qui soit. L’ensemble a été « conçu » au sein des ateliers de Frédérique Constant, gage de qualité mais conception ne signifie ni réalisation, ni assemblage, ni réglage. A ce niveau de prix, avec de surcroît un échappement et une ancre en silicium, une réserve de marche de 42 heures et une indication jour / nuit, on ne saurait être trop regardant.

Gageons que Frédérique Constant franchisse ici une étape qui la mènera encore plus loin. Dans le milieu du mid-market, qu’elle partage par exemple avec Raymond Weil, le plus difficile n’est pas de s’y positionner, mais de s’en extraire pour monter en gamme.

Raymond Weil, par exemple, a définitivement fait le choix du volume en conservant des pièces simples et accessibles. Frédérique Constant se montre plus audacieuse : monter en gamme, tout en conservant une (relative) accessibilité financière. La marque évolue doucement mais sûrement, pour ne pas perdre la base commerciale qui assure sa rentabilité. Il n’est toutefois pas exclu qu’elle vienne, dans les prochaines années, commencer à toquer à la porte de la haute horlogerie. C’est tout le mal qu’on lui souhaite et des pièces comme ce tourbillon peinent à cacher cette noble ambition.

Olivier Müller

Visuels © Frédérique Constant