Panerai Au fil de l'actualité

Panerai voit double

Panerai a les yeux aussi gros que le ventre. Et même plus gros que le ventre ? L'avenir le dira. Mais dans l'immédiat, la marque est l'une des rares, très rares à s'offrir deux boutiques dédiées, ces fameux flagship stores, à quelques centaines de mètres l'une de l'autre : la première rue de la Paix, la seconde à l'entrée de la rue du Faubourg Saint Honoré.

Certes, l'on écoutera poliment le discours de la marque suivant lequel ce ne sont pas les mêmes populations, pas les mêmes clients. Que certains d'entre eux ne veulent pas venir "si loin", sous-entendu jusqu'au Faubourg Saint-Honoré. On répondrait poliment qu'entre les deux points de ventes, on ne parle pas de contrées différentes, mais d'un trajet de...800 mètres.

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Peu importe, ce n'est pas la manœuvre locale qui compte, mais le mouvement global de la marque sur le planisphère. Car Panerai, à une heure où nombre de boutiques ferment après des années de gabegie, prend le chemin contraire et développe son retail.

Après la boutique initiale de Paris (2011), la seconde ouverte ces jours-ci, la manufacture embrayera sur Hong Kong (octobre), Florence (octobre également), New York (décembre) et enfin Miami (janvier) ! Un rapide calcul porte à près de 700 le nombre de mètres carrés de vente que Panerai va donc s'offrir ou rénover dans les prochaines semaines.

Leur point commun sera le design. Beaucoup vont être rénovées pour coller à la charte créative dessinée par l'architecte espagnole Patricia Urquola, aujourd'hui installée en Italie. C'est elle qui à conçu les lignes courbes et choisi les matériaux bois et simili bronze rappelant les Luminor, Radiomir et, plus globalement l'obédience maritime de la Panerai.

La nouvelle boutique Panerai de Paris, qui s'étire sur 100 mètres carrés, en est la dernière illustration. L'accueil est chaleureux même si l'on retrouve l'inévitable perspective tout en longueur, presque en couloir, propre à chaque boutique de ces rues anciennes. La petite boutique de la rue de la Paix devrait subir le même lifting, une fois les ouvertures programmées terminées. Même si, objectivement, les enjeux ne sont nullement comparables, cette dernière enseigne ne comptant qu'une quinzaine de références sur 40 mètres carrés.

Que va-t-on trouver en ces lieux de pèlerinage pour Paneristi ? On s'en doute, l'objectif est d'offrir des exclusivités propres à chaque boutique. Dans la nouvelle enseigne, on trouve par exemple la PAM 519 Radiomir Minerva dans sa version en or rouge, limitée à 100 exemplaires dans le monde. Son design très vintage avait marqué les esprits lors de sa présentation à Genève en janvier. Ce n'est probablement pas la plus typique des Panerai, et c'est aussi pour cela qu'elle peut rapidement trouver preneur, même si la version en or rouge s'affiche de manière quelque peu ostentatoire.

Grandes ambitions

Toujours dirigée par l'incontournable Angelo Bonati, Panerai sort donc ses crocs. De telles surfaces de vente vont nécessairement devoir être alimentées, ce qui signifie vendre plus donc produire plus. On pense notamment à la boutique de Florence qui deviendra le cœur battant de Panerai, sa vitrine mondiale, avec un passage de 40 à 240 mètres carrés ! Et, en prime, une contribution appuyée à la restauration de l'horloge du Duomo de Milan, ce qui placera une nouvelle fois la marque sous les feux de la rampe cet automne. A se demander si, en fin de compte, les détaillants installés à proximité de ces lumineux flagship ont encore leur raison d'être. Ou comment le grand commerce de groupe peut tuer le petit commerce de quartier ?

Olivier Müller

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