SIHH 2013 : ce qu’il fallait en retenir
Le SIHH 2013 vient de fermer ses portes au centre Palexpo de Genève. L'industrie horlogère, c'est un fait, ne connait (toujours) pas la crise. Pour autant, en dehors de quelques marques aux stands pour le moins outranciers, l'heure était à la valorisation des compétences et des savoir-faire, au profit de garde-temps souvent de très haut vol. Certaines manufactures ont privilégié le 'refresh' de gammes existantes (Vacheron Constantin, Baume & Mercier). D'autres ont défriché de nouvelles terres de haute technicité (Lange & Söhne, Greubel Forsey, Audemars Piguet). Electron libre de génie, Cartier couvre pour sa part les deux segments avec une élégance rarement atteinte.
Parmi les 'techniques', la manufacture allemande Lange & Söhne s'est particulièrement distinguée. La pièce centrale de ses sept nouveautés était la bien nommée Grande Complication, montre de poignet la plus compliquée jamais créée par la marque. Dotée d'un chronographe à rattrapante, d'un calendrier perpétuel, d’une grande et petite sonnerie, d’une phase de lune et d’un QP, la Grande Complication a requis sept ans de développement, avec notamment deux horlogers à plein temps les deux dernières années. A 1,9 millions d'euros la pièce, elle ne sera produite qu'à 6 exemplaires sur 6 ans.
Dans un registre très proche, Audemars Piguet a également présente sa propre Grande Complication. Sa particularité est d'avoir comme écrin une Royal Oak Offshore. Les initiés attendaient cette réalisation, la Offshore étant la seule pièce à n'avoir jamais reçu de tels honneurs. En l'occurrence, le mouvement mécanique automatique associe une répétition minutes, un chronographe à rattrapante et un QP, le tout pour un total de 648 composants au sein d'un boitier fort raisonnable de 44 mm. Chaque pièce requiert 820 heures de travail. Là aussi, 6 pièces seront produites en différentes finitions.
Les échappements semblent également avoir stimulé les neurones des marques les plus techniques. Roger Dubuis, au premier plan, avec une pièce dotée de pas moins de quatre balanciers. Destinée à être déclinée en plusieurs finitions de séries limitées, elle réussit le mariage d'une pièce squelette très technique mais néanmoins harmonieuse et lisible. La voie de la surenchère est l'une des préférées de la manufacture située à Meyrin, à l'image de son stand néo-médiéval lequel, à défaut d'être d'un goût pour le moins très...personnel, n'a laissé personne indifférent.
Greubel Forsey a pour sa part adopté une approche plus économe, avec "seulement" des échappements à double balanciers inclinés à 35°, régulés par un différentiel sphérique. La voie n'est pas nouvelle pour la marque qui avait déjà exploré cette piste à Bale en 2009 avec deux oscillateurs superposés à 20°.
Richard Mille, fut pour sa part l'une des curiosités et originalités de ce SIHH. La nouvelle Tourbillon RM 59-01 Yohan Blake possède un boitier réalisé en composite translucide dont ces ponts vert et jaune rappellent les griffes de la "bête", surnom de Blake. L’horloger a également annoncé, sur plans, une prochaine RM39, montre la plus compliquée du monde dotée de 1000 composants et avec des indications telles que la densité de l’air, la conversion de miles nautiques en kilomètres, compte à rebours, etc. Il faudra une formation de 12 jours complets pour intégrer son fonctionnement. Cette pièce sera celle de tous les superlatifs dans l’horlogerie. Mais pour quoi faire ? Préserver son titre jusqu’à la suivante qui intégrera 1001 composants ? Les avis sont partagés...
A l'inverse de ces techniciens de haut vol, d'autres manufactures se sont concentrées sur le design. Baume & Mercier, sans révolution de palais, poursuit la refonte de sa gamme à l'aune de son positionnement "Hamptons - Life is about moments". Au final, l'amateur de pièces classiques fleurant bon les années 50 trouvera dans les nouvelles Clifton, notamment la 1830, de quoi satisfaire ses désirs.
Montblanc, avec la même constance, poursuit le développement de ses best-sellers, au premier rang desquels trône la Nicolas Rieussec. Poursuivant l'exercice de cette ligne qui consiste à proposer une lecture des temps par disque, la manufacture a développé une nouvelle référence à une seule aiguille (des minutes) et calendrier annuel capable de donner l'heure par disque rotatif des heures. Ingénieux : pour différencier les 12 heures du jour de celles de la nuit, un second disque vient colorer le chiffre de l'heure en cours en gris ou bleu nuit, selon que l'on est justement en journée ou en nuit. Simple, efficace.
Quelques mètres plus loin dans les allées feutrées du SIHH, Vacheron Constantin présentait de nouvelles versions florales de sa collection Métiers d'Art. Email cloisonné, sertissage, guillochage, etc. : on ne rentrera pas ici dans la technique, on préférera s'extasier devant des pièces qui tutoient la perfection. Dans ce registre des Métiers d'Art horloger, Vacheron Constantin affirme une maîtrise totale de son sujet. Comme d'habitude, il sera question de coffret en séries limitées de 20 exemplaires.
Cartier, plus loin, presque isolée du reste du salon pour mieux rappeller qu'à elle seule elle représente près de 50% du CA du groupe Richemont, a couvert les deux gammes (techniques et esthétiques) avec une aisance déconcertante. Sa virtuosité technique lui permet de présenter notamment une nouvelle version de son Ballon Bleu Tourbillon Deuxième Fuseau, avec les deux heures sautantes simultanément. En termes de finition, la Maison remet à l'honneur la granulation étrusque, procédé d'agrégation de boules d'or qui permet de donner du relief à un motif. Pour Cartier, le motif en question ne pouvait être autre que sa fétiche panthère, ici interprétée dans une Rotonde sertie limitée à 22 exemplaires.
Enfin, sur le plan technique, la Rotonde Mystérieuse se décline sur le principe des fameuses pendules mystérieuses, avec deux aiguilles littéralement suspendues dans le vide au sein d'un mouvement de forme en croissant de lune. Très rares sont les horlogers qui auraient pu se permettre une seule de ces deux complications, Cartier a réunit les deux. Et pousse même l'exercice un cran plus loin, avec le même principe...appliqué à un Tourbillon, volant au sein d'une Rotonde Platine de 45 mm qui fera date : extraordinaire.
Olivier Müller
Visuels : © Marques citées
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