LM101, la (presque) nouvelle MB&F

Max Büsser et ses Friends viennent de commettre un nouveau forfait. Son nom : LM101. Une révolution ? Loin de là, mais une évolution juste et subtile du concept de Legacy Machine développé par la marque, qui va bientôt fêter ses 10 ans.

 

La grande force de MB&F est que tout y est conceptuel. Dans l’esprit, l’équipe de MB&F est composée de collaborateurs appelés ‘friends’, qui vont et viennent au gré des projets. On a ainsi vu passer Jean-François Mojon, Kari Voutilainen, Jean-Marc Wiederrecht, Peter Speake-Marin et bien d’autres encore.

 

Il en est de même pour les Machines de MB&F. Il ne s’agit pas de gammes, de produits, mais davantage de collections conceptuelles. On retrouve, dans un tout autre univers, le modèle des Complications Poétiques de Van Cleef & Arpels : une famille de créations horlogères libres, extensibles à souhait. En somme, un modèle ouvert, tout comme les Friends, qui libère la marque d’une gamme rigide de produits qui l’emprisonnerait. L’approche est rusée : rien ne pourra jamais dénoter chez MB&F puisque tout, ou presque, peut potentiellement devenir une « Machine ».

 

LM101, un air de déjà vu

La nouvelle Legacy Machine 101 (LM101) reprend beaucoup de ses ainées. Déjà, une nouvelle fois, l’idée maître : que se passerait-il si l’on revoyait aujourd’hui la création de montres nées il y a 100 ans ?

 

Sur le papier, l’idée est séduisante. En réalité, ce n’est que l’habile reformulation de ce que n’importe quelle marque actuelle fait : une Breguet qui capitalise sur 250 ans d’histoire et se développe aujourd’hui, par exemple, dans le silicium et la haute fréquence. Une TAG Heuer qui développe son capital chronométrique pour atteindre des niveaux de précision totalement inédits. Jusqu’à Girard-Perregaux qui reprend un brevet pour développer son Echappement Constant, une innovation qui vient parfaire, là aussi, deux siècles de développements horlogers.

 

MB&F ne fait rien d’autre : reprendre une histoire déjà écrite et y ajouter un nouveau chapitre.

 

La LM101 n’écrit pas à proprement parler un nouveau chapitre, mais, plus modestement, un nouveau paragraphe. Car la pièce présente des affinités très marquées avec la LM1. MB&F évoque un mouvement pour la première fois conçu en interne. Soit, mais cela n’en fait pas une nouveauté pour autant. On retrouve le balancier suspendu commun aux LM1 et LM2, l’indication horaire sur cadran excentré, une finition similaire, une même géométrie de boîte, une réserve de marche que l’on avait déjà sur la LM1. En somme, la LM101 marie le meilleur des ses ainées LM1 et 2.

 

C’est l’une des constantes de la marque : sur la base d’un concept fort, décliner  un ensemble de variations techniques et esthétiques qui viendront alimenter ses ventes le temps de développer un nouveau modèle. A ce registre, on attend avec impatience les 10 ans de MB&F l’année prochaine. L’occasion de marquer les esprits avec une HM6 ou une LM3 ? 

 

 Ci-dessus, le modèle LM1 en or rouge de MB&F

Subtiles nouveautés

Les charmes de la  LM101 sont discrets. Sa boîte, déjà, se limite à un modeste 40 mm, un diamètre inédit chez MB&F. Voilà qui ouvrira la porte à tous les amateurs de la marque dont le poignet ne pouvait supporter les 44 mm de la LM1, voire les formats musclés des différentes HM (Horological Machines).

 

Cette réduction de gabarit n’est pas sans effet sur l’effet opéré par le balancier. Dans son cadre plus modeste, celui-ci paraît inévitablement plus grand. Sa position centrale accentue encore cet effet.

 

Enfin, la réserve de marche placée à 6h jouit d’une présence sur le cadran presque aussi forte que le cadran horaire à 2h. MB&F valorise ainsi une architecture où le mouvement, la technique, sont d’une importance égale à l’heure. On apprécie toujours à sa juste mesure l’effort qui valorise au mieux le travail de l’horloger.

 

Ce sentiment est d’ailleurs conforté par un fond totalement ouvert. Il laisse apparaître un mouvement dont la finition fut supervisée par Kari Voutilainen. L’homme est respecté pour son érudition et ses compétences tant sur ses propres pièces qu’en matière de restauration. Sa caution historique apportée à la LM101 élève incontestablement le niveau de cette dernière : angles rentrants, cotes de Genève, soleillage, angles polis à la main, chatons en or.

 

Chatons en or ? Ce sont ces inserts en or qui viennent accueillir les rubis et font office de coussinets. Ils venaient historiquement parfaire l’ajustage de ces rubis. Ils ne sont aujourd’hui plus nécessaires dans la mesure où ces rubis sont usinés avec une précision micrométrique. Leur usage ne relève que du beau, du respect de la tradition horlogère

 

Et demain ?

La LM101 vient apporter du sang neuf à la collection des Legacy Machine. Son architecture asymétrique est une rupture par rapport à la très alignée LM1. C’est une variation intéressante, moins frimeuse que la LM2, qui affichait sans complexe son double balancier et son différentiel à 6h.

 

Toutefois, au bout de trois modèles avec balanciers apparents, on entérine le fait que c’est ici la signature esthétique définitive des Legacy Machines. On peut se demander si le concept n’est pas arrivé à son terme. Pour le renouveler, Maximilian Büsser pourrait, à l’avenir, afficher un autre type d’échappement sur son cadran. Non plus un balancier mais, pourquoi pas, un tourbillon ?

Le prix de la pièce serait d'environ 50 000 €.

Olivier Müller

 

Visuels © MB&F, Le Guide des Montres

 Ci-dessus, la LM1 en or rouge portée par notre ami Gabriel du site Les Rhabilleurs.

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