Le jeu des 7 questions avec Peter Stas, CEO Groupe Frédérique Constant

Peter Stas est le CEO de la marque Frédérique Constant, mais c'est aussi et surtout le patron du groupe du même nom, lequel regroupe la marque Frédérique Constant à proprement parler, Alpina et Ateliers deMonaco. Après 25 ans à la tête de ce qui est devenu un véritable groupe horloger, il se livre avec sa gentillesse habituelle au jeu des sept questions, avec des réponses d’une franchise rafraichissante.

 

Ce dont vous êtes le plus fier après ce quart de siècle à la tête du groupe Frédérique Constant ?

Tout simplement l'avoir créé et l'avoir mené là où il est aujourd'hui. Nous avions bien évidemment des ambitions, mais les atteindre aussi rapidement est incroyable. Nous sommes sur une tendance de croissance de 20% par an. Ce qui signifie que dans 4 ou 5 ans, nous aurons encore doublé.

 

Ce que vous regrettez?

De ne pas avoir déposé le dessin de la Heartbeat. Maintenant, c'est trop tard, c'est presque du domaine public. C'est un de nos plus grands succès mais nous avons été abondamment copiés et je ne peux plus rien faire. On aurait aussi pu engager du top management plus tôt, comme nous venons de le faire avec Alpina. Un CEO pour Frédérique Constant sera un jour aussi nécessaire, même si j'assure encore pleinement cette fonction.

 

Des pièces à 3000 euros...et un tourbillon ?

Oui, ce tourbillon est paradoxal, mais c'était une manière de montrer nos capacités. Avec les Ateliers deMonaco, nous avons des capacités de haute horlogerie. Mais nous ne pouvons pas les déployer sur une marque comme Frédérique Constant. Les Ateliers font 60 à 70 pièces par an. Si je prends leur QP, par exemple, pour le décliner sur une Frédérique Constant, on en vendrait tout de suite beaucoup plus. Ils ne pourraient pas suivre. Nous ferons donc des séries plus restreintes.

 

Eldorado chinois, la fin d'une époque ?

Pour nous, oui, hélas. Même si le marché local reste en croissance à deux chiffres, nous, nous avons fait 0% de croissance là-bas cette année. Même Cartier a fermé 14 boutiques en Chine. La fin des cadeaux horlogers aux officiels été un coup dur, entre autres. La croissance horlogère sur place ces dernières années n'était de toutes manières pas réaliste. Dès que les ventes ont diminué, il y a eu moins de rotations dans les pièces commandées par les détaillants et, inévitablement, moins de cash.

 

Frédérique Constant, seule marque à proposer des montres mécaniques pour jeunes adultes ?

Oui, ce fut un grand succès la première année. On les offrait pour les communions, réussite aux premiers examens, premier travail, etc. Et puis l'on s'est rendu compte, en raison de leur prix attractif (495 euros) que même des adultes en portaient, au détriment des modèles qui leur étaient dédiés. C'était un effet collatéral auquel nous nous attendions mais qu'il a fallu gérer. On a donc proposé un premier modèle homme à 695 euros.

 

Votre franc-parler, rare dans le sérail horloger ?

La transparence a toujours fait partie de notre culture. Nous sommes très présents sur les réseaux sociaux depuis toujours, mais ce n'est pas vraiment le terrain le plus glissant. A l'inverse, on s'est ouvert parfois un peu trop à des détaillants sur nos projets de développements de nouveaux modèles...qu'au final on voyait arriver six mois avant les nôtres chez ces mêmes détaillants, mais par d'autres marques. Nous avons dû intégrer une culture un peu plus marquée du secret commercial...

 

Des boutiques exclusives, demain, chez Frédérique Constant ?

Non. Ca n'a pas de sens pour la marque. Nous voulons au contraire que les clients puissent avoir deux montres dans les mains, dont l'une des, nôtres, pouvoir comparer leur qualité et leur prix. A ce jeu, nous sortons toujours gagnants. Comment voudriez-vous comparer deux marques différentes dans une boutique...mono-marque ?

Olivier Müller

 

Visuels © David Carteron / Delos Communications, Frederique Constant

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