Blancpain L-evolutionR : R pour racing

C’est au bruit qu’il faut se guider. A l’approche des circuits, d’étranges feulements déchirent les paysages sans que l’on sache bien d’où ils surgissent. En formule 1, la télévision a formé nos tympans. C’est comme un concert de rock, on sait où va, on a le temps de parler à nos oreilles.

Mais pour ce Blancpain Endurance Series, nous étions loin de penser qu’aux portes du circuit du Castellet, les Lamborghini Gallardo Superleggera allaient nous coller une telle frousse. 

Vous souvenez vous du petit chaperon rouge?

Aux abords de la forêt entourant le circuit, un grand méchant loup de la mécanique affûte ses soupapes et lime la piste soigneusement. Puis soudain, semblant tourner la tête, il remonte la ligne des stands et s’arrête devant nous dans un grognement assourdissant. La tête coiffée d’un casque prêté par la manufacture et le corps moulé dans une ravissante combinaison rouge, je pénètre dans le cockpit du fauve, tel le petit chaperon. Une fois sanglé, pris au piège, le loup soulève sa visière pour révéler son visage. Un large sourire et des yeux rieurs vous serre le gant en vous lâchant un très suisse : « ça joue ou bien ? ». Le grand méchant loup, qui fait hurler la forêt, est un pilote pro : 1m70, pour 60kg. Un jockey du prix de Diane.

Entre l’ambiance, l’angoisse et la surprise, je n’ai pu que balbutier un « suis pas sûr ». 1ere, 2e, 3e, les rapports claques, la Gallardo Supertropheo se cabre et la rupture de charge de chaque rapport vous cogne la nuque. Les hurlements, l’odeur de carburant et les 70° de l’habitacle vous alertent. Avec Blancpain, vous allez manger votre pain noir. Au poignet du pilote, j’aperçois la dernière version du Chrono Blancpain L-evolutionR. Full carbon, avec quelques touches de oranges : le grand méchant look.

Premier virage. Premier freinage. Pour vous, c’est un freinage d’arrêt d’urgence, comme si une horde de sangliers venait de débarquer sous vos pneus. Ici c’est vécu comme un simple ralentissement. Les yeux sortis des orbites, deux litres de sang dans les orteils, je serre les dents pour retenir les noms d’oiseaux qui me viennent à l’esprit. Et ça repart. 3e, 180, 4e, 220, 5e, 250 km/h. Là, au loin, le circuit semble s’arrêter. Au moment où vous et moi serions déjà debout sur la pédale de frein, le jockey passe la 6een levant le poing, cravachant pour chercher le 300. La pupille dilatée, le cœur aux frontières de l’infarctus, je vois 50 panneaux défiler indiquant des distances de freinage. Soit le pilote ne sait pas lire, soit je vais voir défiler ma vie en deux secondes.

Là, il hurle un « attention, gros freinage ». « Oh ? ». De 300 à 50km/h en 100 m, gros freinage ?

Je vois la palette de gauche claquer comme une mitraillette. Rétrogradage 6e- 1ere. La voiture pique tellement du nez, j’ai l’impression qu’on va faire une roue avant. Le virage à 90° pris sur le vibreur juste derrière me porte l’estocade. Avec le demi hémisphère droit qui me reste irrigué, je cherche en vain à m’agripper à tout ce qui peut ressembler à une poignée. Ça boxe sévère ici et je me fais matraquer par les pistons d’un poids plume. Après 2 minutes 30 de combat, l’arbitre sonne la fin du premier round. Nous rejoignons la ligne des stands tel un boxeur rampant vers son tabouret. K.O. Mais pas du tout OK. Là, on m’extrait des entrailles de la bête. Titubant, diaphane, je croise les regards compréhensifs du Team Blancpain qui visiblement a déjà vécu l’expérience. La course, c’est 50 tours comme ça, au cœur de la meute. Des grands malades.

 

Retour à la civilisation

La tente Blancpain est un havre de paix. Immense, tendue d’une toile grise et décorée d’horloges de la maison, elle donne l’impression d’être chez soi. Un patio baigné de lumière ponctué de confortables fauteuils vous attendent. Bercé par un fond de musique lounge, les tables noires sont couvertes de verres remplis d’un liquide orange. Chez Blancpain, en horlogerie comme en décoration, on est connu pour les finitions : montre carbone et orange = mobilier carbone et boisson orange.

Reste à goûter le breuvage qui répond au nom barbare de« spritz ». Après ce que j’ai enduré dans la Gallardo, je ne crains plus rien. Amère. Très amère. J’adore mais les avis sont partagés et autour de moi, des nez se froncent. Proséco, Campari et eaux gazeuse. Une expérience. Au loin, un nuage de fumée s’échappe d’un vaste piano métallique. Le fumet qui s’en échappe est divin. C’est sans doute le plus grand barbecue jamais croisé. Avec cette décontraction toute helvétique, Marc A. Hayek, CEO et Chairman de la Manufacture, trinque avec ses équipes. Les côtes de bœufs se bousculent et un concert improvisé du jeune et prometteur Bastian Baker finit de ravir tout le monde. Aux poignets, un défilé horloger.

J’emprunte la fameuse Blancpain L-evolutionR. La coque titane et le cadran carbone en font une montre ultra légère. La fine boite de 43,5mm laisse une belle place aux chronos à 3H et 9H, dateur à 6h. A plus de 50 composants par gramme, Blancpain prouve qu’en marge des grandes classiques de sa gamme, la manufacture maîtrise parfaitement les nouveaux matériaux. Balancier en silicium et mouvement amagnetic, embrayage, échappement, le moteur de cette Blancpain fait immanquablement penser aux trésors de technologie que renferment les V10 Lamborghini.

C’est la force d’un co branding équilibré, initié par Alain Delamuraz en 2008, où 1 + 1 ne font pas 2, mais 3. Le vice président de la manufacture a ainsi ajouté une page sportive au catalogue de la plus ancienne des manufactures. Aujourd’hui, les modèles de la gamme sport sont arrivés à maturité et Blancpain parvient ainsi à conquérir une clientèle plus jeune. Après la Bathyscaphe présentée à Bâle, cette L-evolutionR limitée à 88 exemplaires, vient étoffer une offre de modèles faisant la synthèse entre 300 ans d’histoire et 50 ans de recherche et développements.

Nicolas Salomon

 

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