SIHH, GTE, BW13 : les acronymes à comprendre

SIHH, GTE, BW13 : dans quelques semaines, le landernau horloger ne devrait plus raisonner que par ces acronymes. Le Guide des Montres, avant de vous plonger corps et âmes au cœur de ces événements, vous en propose d’en comprendre les tenants.

SIHH, c'est le Salon International de la Haute Horlogerie. En termes calendaires, c'est le premier grand salon de l'année. En termes civils, depuis septembre, il est précédé à Las Vegas du JCK en juin, à Mexico du Salon de la Haute Horlogerie en octobre et, à Paris, de Belles Montres en novembre.

Pourtant, la saison horlogère commence véritablement au Centre des congrès de Genève, Palexpo, avec le SIHH. Créé en 1991, ce salon est la propriété quasi de fait du groupe Richemont, qui l'a conçu pour former sa propre alternative à BaselWorld (voir ci-dessous), créé en... 1917. Le salon, exclusivement réservé aux professionnels, pourrait donc être qualifié de 'propriétaire', mais il ouvre en réalité ses portes à des marques externes au groupe. Externes...ou presque : Audemars Piguet est un partenaire Richemont, Greubel Forsey a une partie de son capital détenue par le même groupe, et Richard Mille a une partie du sien aux mains de...Audemars Piguet. Entre autres.

La force du SIHH est de conserver sa taille humaine ainsi qu'un esprit haut de gamme qui permet de nouer ses relations horlogères dans un cadre très privilégié. L'étiquette qui lui colle à la peau est toutefois d'être un anti-BaselWorld, une initiative quelque peu individualiste mais dont, en réalité, aujourd'hui, plus personne ne se plaint. 

 Baselworld 1931

Chaque marque qui y expose dispose de son propre espace. A ce titre, les commentateurs les plus avisés ne manquent pas de noter, chaque année, que la superficie des stands trahit la longueur des crocs de chacune d'elles ou, plus prosaïquement, sa part de revenus dans celle, globale, du groupe Richemont. On ne s'étonnera donc pas d'un espace Cartier qui pourrait à lui seul accueillir une demi-douzaine de marques, ou des regards plus ou moins jaloux sur Montblanc, dont la croissance exponentielle au sein de Richemont attise les convoitises de ses cousines...

En marge du SIHH, il y a quatre ans, quelques indépendants se sont regroupés à Genève centre pour présenter leurs pièces. On y a senti dès le début la louable intention de profiter du courant SIHH pour rester visible ou, tout simplement, exister. C'était le cas. Mais, d'année en année, la manifestation 'off' est devenue de plus en plus 'on', une sorte de lieu moins business, plus chaleureux, où il faisait bon de se retrouver.

Ainsi, l'évènement s'est pérennisé et est devenu la GTE, Geneva Time Exhibition. Sa grande force est son format convivial, accru par la présence de la plupart des CEO-horlogers de ces marques plus confidentielles. Alors que le SIHH est un rendez-vous business, la GTE s'est positionnée de facto comme un lieu de passionnés, certes ici pour le business, mais où les maitres mots restent proximité et authenticité. Peter Speake-Marin, Ludovic Ballouard, entre autres, en sont devenus des habitués. Les esprits critiques rétorqueront qu'ils n'avaient pas vraiment le choix : la GTE est le seul salon pour indépendants où ceux-ci peuvent exister en dehors des énormes machines SIHH et BaselWorld, où ils ne sont que l'ombre de petits stands relégués dans les travées que leur laissent - ou pas - les mastodontes de l'industrie. En termes de fréquentations, on attend cette année environ 5.000 visiteurs pour 35 marques. 

 Baselworld 2013

En mars, arrive BaselWorld - BW13 pour les intimes, cette année. Plus de 100.000 visiteurs et 45 pays représentés : les chiffres parlent d’eux-mêmes. Exceptionnellement, cette occurrence 2013 a été décalée en avril, le temps que les travaux de la 'Messe Platz' de Bale, qui l'accueille, soient finis.

Si le SIHH (privé, sur invitation) et la GTE (publique) peuvent être visités en 24 à 48h, les 5 jours dédiés à BaselWorld y suffisent à peine. Quand d'autres secteurs d'activité multiplient les salons mondiaux, comme en automobile (Paris, Detroit, Genève, etc.), l'horlogerie hors Richemont mise 100% de ses forces sur BaselWorld.

Ainsi, la quasi-totalité des marques, hormis celles de Richemont au SIHH, font leurs annonces annuelles à Bale. Les pièces proposées, comme dans tous les salons, ne sont pas disponibles pour la plupart au jour J, mais seront déclinées tout au long de l'année. Les manufactures les plus organisées présenteront ainsi des modèles finis, quand d'autres n'auront pas eu le temps de les achever et présenteront des prototypes fonctionnels.

Evidemment, et malgré l'organisation suisse, rien n'est prêt la veille. Un rare spectacle est celui de l'infiltré qui, à J-1, déambule sur site entre grues et menuisiers pour voir quelques horlogers reclus entre deux placos pour terminer, tant bien que mal, le montage de telle répétition minute ou tourbillon volant...

Olivier Müller

Visuels © BaselWorld, SIHH, DC

Geneva Time Exhibition 2012