Greubel Forsey Art Piece 1 : immensément petite

Il n’y avait qu’un seul stand horloger, cette semaine à la FIAC. Loin des nombreuses créations monumentales qui ornaient les allées du Grand Palais, sur de vastes espaces, Greubel Forsey exposait  le projet de sa dernière pièce dotée d’une œuvre...d’un demi-millimètre.

Le seul moyen de la repérer fut éventuellement d’apercevoir son concepteur, Willard Wigan, géant anglais frisant les deux mètres, dont l’élégance n’a d’égal que le calme olympien.

Et pour cause : pour créer ses micro-sculptures, l’homme, qui utilise en lieu et place du burin de minuscules éclats de diamants, doit travailler entre deux battements de cœur pour donner naissance à des œuvres qu’il place ensuite dans des chas d’aiguille ou sur des grains de riz.

C’est de cette compétence très particulière que s’est rapproché Greubel Forsey pour créer sa première Art Piece. Ce projet, d’une durée de cinq ans, vise à bâtir un pont entre l’univers de l’horlogerie et celui de l’art. Greubel Forsey, comme à son habitude, a voulu développer une co-création extrême.

Peinture, gravure, email, joaillerie ? Déjà fait. La micro-sculpture présente l’avantage de l’inédit, mais aussi de la difficulté. En effet, comment intégrer au sein d’un garde temps une création qui requiert une optique grossissante x23 et une lumière artificielle dédiée ?

« Au début, tout le monde nous avait dit que c’était impossible », se souvient Stephen Forsey. « Mais au bout de deux ans de recherche, nous sommes parvenus à trouver une solution ».

Ainsi, pour mettre en scène cette micro-sculpture au sein d’une montre, Greubel Forsey l’a placée au sein même de son mouvement, juste derrière le poussoir. Celui-ci a été évidé en son centre et pourvu d’un verre translucide grossissant. Sa rotation permettra la mise au point. De l’autre côté, dans le mouvement, la sculpture a été apposée sur une coupole chargée d’y apporter l’exposition lumineuse maximale.

« C’est un masque que j’ai choisi comme sujet pour cette première pièce, qui sera terminée au premier trimestre 2013. Il exprime l’étonnement, la stupeur. C’est généralement la première impression que l’on ressent en voyant une Greubel Forsey. Pour moi, c’est le summum de la haute horlogerie. Il n’y a aucune discussion possible sur ce point », tranche Willard Wigan.

La Art Piece 1, qui sera manufacturée à hauteur d’une à deux pièces par an pendant quelques années, devrait allègrement passer un prix à 7 chiffres. L’indication horaire sera tout à fait accessoire, « probablement un mouvement à tourbillon qui permet d’afficher le temps à la demande, mais dont ce ne sera pas la vocation première », glisse Stephen Forsey.

Encore une fois, la manufacture prouve ici sa capacité sans limite à l’innovation, à la créativité, à la perfection maîtrisée. Quelques détaillants bien avisés commencent déjà à marquer un intérêt pour l’Art Piece 1.

Certains, comme Laurent Picciotto de Chronopassion, expert de Greubel Forsey depuis ses débuts, avaient fait le déplacement à la FIAC. Et l’homme de conclure en ces termes : « Greubel Forsey, c’est une manufacture qui survole la haute horlogerie à une altitude où il n’y pas grand monde d’autre ».

Olivier Müller

Visuels © Greubel Forsey