Essai : TAG Heuer Formula 1

 

Quel chronographe suisse authentique s’offrir aujourd’hui sans (trop) se ruiner ? TAG Heuer répond : la Formula 1. Le Guide des Montres détaille la pièce conçue pour répondre à cette délicate équation de l’entrée de gamme qui doit rester, avant tout, une véritable « TAG ».

Lorsqu’une marque conçoit un chronographe mécanique d’entrée de gamme, la réussite de son entreprise tient à deux facteurs : quel prix plancher se fixer, et quels compromis faire pour rester dans la case tarifaire définie.

 

L’exercice relève de l’équilibrisme. Pourquoi ? Parce que les éléments que la marque choisit de privilégier ne seront pas nécessairement vus par le client final. A titre d’exemple, on pense à la qualité du mouvement, à l’étanchéité de la boîte, au soin apporté au bracelet, aux index appliqués à la main. Nombre de clients ne prêteront pas attention à ces détails, lesquels appartiennent plutôt au champ d’une horlogerie traditionnelle plus cossue. A l’inverse, ces clients, tous primo-acquérants, auront un regard avisé sur la couleur des indications, le packaging, la taille de la boîte, la bonne visibilité du logo...autant d’éléments tout à fait secondaires pour le collectionneur avisé !

 

TAG Heuer s’est risqué à l’exercice avec sa Formula 1. Objectif : proposer un premier niveau de chronographe suisse mécanique à un prix abordable, sans trahir son image de marque. Plus simplement, offrir un chrono d’entrée de gamme...qui ne fasse pas trop entrée de gamme. 

 

 Gros plan sur le cadran de la nouvelle Formula 1 Chronograph Calibre 16 de Tag Heuer

 

Côté pile : l’ADN TAG Heuer préservé

 

La Formula 1 est proposée à 2700 euros. TAG Heuer évite ainsi de descendre de son piédestal et de se comparer à du mass market Made in China voire à du quartz. Le Swiss Made a un prix et TAG Heuer entend faire respecter cet adage. Certes, 2700 euros est une somme considérable au regard du salaire moyen en France, 2145 euros net par mois. La posture de TAG n’est toutefois pas de s’adapter aux statistiques INSEE mais de préserver son positionnement d’objet de luxe. En cela, la Formula 1 est cohérente.

 

Elle le demeure par son esthétique. Noir et rouge, elle marie une couleur masculine à la mode et le rouge associé au sport. L’approche est facile, sans risque, mais efficace. A nouveau, si l’on considère le profil d’un acquéreur d’une Formula 1, la cohérence est évidente : un primo-acquérant, en début de parcours initiatique, que l’on rassurera avec des combinaisons chromatiques accessibles. Bon point pour TAG Heuer.

 

Enfin, le design et la finition du cadran, déterminants pour un acquéreur peu rompu à la belle horlogerie, sont parfaitement exécutés. L’alternance des surfaces polies et satinées apporte de la vie à la pièce, lisible en toutes circonstances grâce à ses aiguilles et index luminescents. Les compteurs sont décorés de cerclage et en sous-relief par rapport au cadran, procurant un sentiment de profondeur. La disposition « 6-9-12 » des compteurs est parfaite, libérant l’espace à 3h pour une date parfaitement lisible, où s’affichent fièrement le logo TAG Heuer complété d’une mention « Calibre 16 ». On applaudit cette démarche d’associer une gamme à son calibre de manière aussi explicite, faisant ainsi naître chez l’apprenti collectionneur que l’essentiel de l’horlogerie suisse repose sur la bonne connaissance de ses mouvements. 

 

 Tag Heuer Formula 1 Chronograph Calibre 16

 

Côté face : des compromis perfectibles

 

On s’en doute, à ce niveau de prix, impossible de satisfaire à tous les canons de la haute horlogerie. Il en sont toutefois certains que TAG Heuer a rayé d’un trait un peu empressé.

 

Parmi eux, la boucle ardillon, que l’on aurait aimé déployante. Certes, l’acquéreur qui vient du milieu du quartz ne sera pas dépaysé. Toutefois, la boucle déployante est l’une des signatures de la belle horlogerie et le surcoût qu’elle aurait généré n’était pas insurmontable, tout en offrant une valeur perçue immédiate.

 

Côté fond, on regrette deux choses. La première, qu’il ne soit pas transparent. C’est là aussi une signature évidente de l’horlogerie suisse qui était à portée de bourse. Ce parti pris est probablement motivé par le fait que le mouvement n’est pas correctement fini et ne gagne rien à être dévoilé. On répondra que l’amateur non averti n’aurait de toute manière probablement pas scruté les angles rentrants polis à la main avec une binoculaire x10... Et, au pire, l’option du fond en verre saphir fumé aurait limité les regards indiscrets – tout en offrant une similitude avec la grande sœur Carrera.

 

De manière plus anecdotique, on regrette que le fond plein soit fixé à l’envers. Certes, personne n’a de doute sur le montage automatisé de ce composant. Pourtant, le résultat est là, flagrant, avec un «  reueH GAT » qui trône à midi.

 

Enfin, on déplore la lunette fixe, désespérément fixe. Même sur une entrée de gamme à quartz, la lunette est directionnelle. Pourquoi ce choix sur la Formula 1 ? Difficile à expliquer. Là aussi, le surcoût était minimal et la valeur ajoutée perceptible de suite.

 

Conclusion : une TAG Heuer avant tout

 

Au final, avec ses 44 mm de diamètre masculins et son étanchéité à 200 mètres, cette sportive Formula 1 sera un bon atout viril pour entrer dans la belle mécanique horlogère. Parfaitement finie, relativement discrète au poignet – grâce au noir mat – elle souffre toutefois de petits détails perfectibles. L’aspirant collectionneur devrait toutefois passer outre, notamment par l’aura de la marque TAG Heuer qui gomme nombre de détails. Attention toutefois : au même prix, les Breitling Colt et nombreuses Bell & Ross ont en embuscade. Et, juste en dessous, d’innombrables Hamilton ainsi que les HydroConquest de Longines, à près de 1000 euros de moins...

 

Olivier Müller

 

Visuels : Tag Heuer

 

 

 Tag Heuer Formula 1 Calibre 16 référence CAZ2011.FT8024

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