Pierre Rainero, gardien du style Cartier

Pierre Rainero a soufflé en ce SIHH ses 30 ans chez Cartier. Il occupe aujourd’hui une place unique dans le secteur horlo-joaillier : directeur de l’image et du patrimoine.

Son rôle : garantir la cohérence et la pérennité du style Cartier. C’est sur les fondamentaux dont il est l’un des garants que peuvent ensuite œuvrer les différents bureaux créatifs de la maison.  

L’une des dernières actions visibles de l’homme fut, avec de nombreux concours, l’exposition « Le Style et l’Histoire », au Grand Palais. Simple exposition ? Plus probablement un musée éphémère, car pour Pierre Rainero, « un musée propriétaire et fixe n’est pas le meilleur moyen, selon nous, de partager notre univers. Les institutions publiques comme le Grand Palais sont de bien meilleurs vecteurs pour cela ». Enoncé de la sorte, cela paraît évident. Et pourtant, seule Cartier agit de la sorte.

Patrimoine d’avenir

Autre marque de fabrique de la maison : la conception de son patrimoine. Là où la plupart des maisons l’exploitent jusqu’à en devenir prisonnières, Cartier s’en sert comme tremplin pour l’avenir. « En aucun cas le patrimoine ne représente un modèle absolu à copier. Le plus important, c’est le style qui le transcende. Pour le définir, le faire évoluer, il faut rechercher des points communs aux éléments de ce patrimoine, un fil conducteur. C’est comme une langue vivante : une base bien définie mais évolutive, qui intègre les modes de vie. Nous nous gardons la liberté de faire évoluer notre langue tout en conservant une certaine suprématie de l’esthétique ».

Ouvert à tout...ou presque !

Sur de tels fondements, Cartier serait-elle donc ouverte...à tout ? On ose glisser la question de montres électroniques, pour tester. Contre tout attente, Pierre Rainero ne marque pas de surprise à la question, mais un simple temps de réflexion. Avant de trancher, comme sa fonction l’y oblige : « Non, nous n’en ferons pas. Tout simplement parce que notre travail repose sur la main de l’homme et que nous devons en toutes occasions apporter quelque chose ». La messe est dite.

Vocations durables

Reste que la création repose sur les hommes. Et que toute maison, pour évoluer, doit s’assurer de faire entrer régulièrement de nouveaux talents dans son giron. Or la voie d’accès à Cartier est d’un accès difficile, ce que reconnaît Pierre Rainero : « Lorsque l’on arrive à 20 ans chez Cartier, on est formé, mais on ne devient réellement opérationnel que 10 ans plus tard ». Un long chemin que seuls les plus persévérants emprunteront.

Or, si l’on en croit Pierre Rainero, ils sont de plus en plus nombreux à venir frapper à la porte de Cartier. L’homme reconnaît que des actions comme l’extraordinaire film « L’Odyssée de Cartier », qui totalise des dizaines de millions de vues sur le web, est un catalyseur sans précédent. « Sans conteste, le niveau de connaissances sur notre marque a augmenté ces dernières années ».

Olivier Müller

Visuels ©Cartier, Delos Communications